Slogans pacifistes contre une intervention armée en Syrie ou de défense des retraites au fronton des stands, hauts- parleurs vibrant des discours militants, concerts et one-man-show, auto-tamponneuses et grand-huit pour les enfants, conférences-débats pour les adultes, repas gastronomique du terroir sous la tonnelle ou merguez frites sur le pouce… les communistes de France et d’ailleurs n’ont pas boudé leur plaisir en cette 78e édition de la Fête de l’Humanité et les militants du Val-de-Marne n’étaient pas en reste, bravant la pluie des deux premiers jours. Reportage en images.
Dans le Val de Marne, nombreuses sections locales avaient investi de leurs stands l’équivalent d’une rue complète tandis que les plus grandes villes arboraient le marteau et la faucille juste en face de la grande scène.
Le Conseil général, dernière assemblée départementale communiste du pays avec l’Allier, disposait également d’une spacieuse devanture, affichant avec fierté sur d’immenses panneaux extérieurs le projet Orbival, repris dans le tracé val-de-marnais du futur métro périphérique Grand Paris Express.
A Valenton, qui détient sans doute le taux départemental record d’adhésions au parti – avec 500 membres pour 12 000 habitants ! ce-sont une quarantaine de bénévoles qui se sont relayés pendant trois jours pour servir les menus brasserie, tenir la librairie militante et informer les visiteurs, «Sans compter ceux qui ont pris des jours de congé quelques jours avant pour venir aider à monter le stand», souligne Odile Grosgeorge.
La logistique est lourde et largement anticipée. «Durant les mois de juillet et août, nous avons organisé des débats sur des questions de société chaque mardi à l’occasion desquels nous avons vendu la vignette (billet d’entrée en prévente) et avancé sur la logistique», explique Frédéric Pimbert, secrétaire de la section locale du parti à Bonneuil-sur-Marne.
Sur chaque stand, guinguette et bar contribuent à la convivialité tout en renflouant les caisses des sections. Avec le muguet du premier mai, les recettes de la Fête de l’Huma constituent un apport non négligeable. Beaucoup de communes organisent aussi des débats sur place. Orly avait par exemple invité Vincent Rébérioux, vice-président de la Ligue de défense des droits de l’homme (LDH) à intervenir sur le droit de vote des étrangers.
On parle beaucoup politique mais pas seulement. Il y a même des militants qui en profitent pour faire un break. «Moi je ne fais jamais de politique quand je viens à la Fête de l’huma. Je viens ici comme bénévole pour rendre service, tenir le bar, me balader dans les allées, profiter de l’ambiance et voir un ou deux spectacles si je peux, mais pas pour militer», témoigne Christiane, de la section PCF de Limeil-Brévannes.
Un concert live vaut-il mieux qu’un grand discours? Au stand du Kremlin-Bicêtre, avantageusement situé au carrefour entre deux allées, le concert de funk a eu un succès fou, attirant la foule jusqu’au milieu des allées.
Mobilisations locales et nationales
Parmi les dossiers de rentrée des militants, se mêlent préoccupations locales et nationales.
La question des retraites, avec la réforme en cours, figure parmi les premiers moteurs de mobilisation des sections en cette rentrée 2013, et a déjà donné lieu à une manifestation.
Au sein des Jeunesses communistes du Val de Marne, dont le fronton du barnum est tagué d’un «Métro boulot tombeau, ne battons pas en retraite», le ton est donné. Le mouvement de jeunesse, qui compte quelques 400 militants ou sympathisants dans le département, insiste par ailleurs sur son autonomie politique et organisationnelle par rapport au PCF. «Notre objectif est de pousser les jeunes à l’engagement et de développer leur esprit critique», motive Pierre Moreno, responsable de la JC 94, rentré lui-même dans le mouvement à l’occasion des manifestations contre le CPE (contrat de première embauche) en 2006. Parmi les préoccupations prioritaires des Jeunes communistes du département, figure la situation des jeunes des quartiers, le mouvement revendiquant son ancrage banlieusard.
Sur le terrain, les militants perçoivent aussi d’autres irritations remontant directement des habitants. «Nous avons rencontré plusieurs personnes décontenancées par leur feuille d’imposition 2013, car si les taux n’ont pas augmenté, les tranches n’ont pas été réactualisées et des petites augmentations, comme l’actualisation d’une pension de retraite, ont rendu imposables des ménages qui ne l’étaient pas, sans que leur pouvoir d’achat n’ait en réalité augmenté. Cela produit un effet en cascade. Certains s’inquiètent par exemple de ne plus recevoir le chèque solidarité du Conseil général. Plusieurs personnes, qui ont l’habitude de nous voir sur le marché, sont mêmes venues avec leur fiche d’imposition en pensant qu’il y avait une erreur», relatent Pascale Soulard, responsable de la section locale d’Orly et Odette Terrade, ancienne sénatrice du Val de Marne.
L’école mobilise également. Et sur le stand de Bonneuil sur Marne, la question de l’école primaire Henri Arles qui milite pour la réouverture d’une classe fermée en cette rentrée (l’école étant descende au seuil de 23 élèves par classe) en raison de sa situation en Zep (Zone d’éducation prioritaire) et le nombre important d’enfants non francophones. La ville réclame aussi le remplacement effectif de son moyen Zep et du maître E de son réseau d’aide aux enfants en grande difficulté (Rased), tous deux non pourvus depuis plusieurs années.
A Villeneuve-Saint-Georges, la préoccupation locale est celle du maintien des activités au sein de la zone SNCF, qui est déjà passée en quelques années de 5000 à 2000 cheminots. Dernier combat en cours, sur lequel le PCF se bat aux côtés des syndicats : le retour des activités de triage de wagon isolé, explique Didier Altman, responsable de la section.
Au sein de la section locale de l’aéroport d’Orly, dernière section PCF d’entreprise du Val de marne avec celle du MIN de Rungis, c’est le maintien des activités dans l’aéroport qui mobilise. «Historiquement, le PCF avait de nombreuses sections d’entreprise, se souvient Patrice Gaudemard, son responsable, affairé en cuisine à la préparation des hamburgers-frites maison. Notre rôle est différent de celui des syndicats, même si nos membres peuvent avoir par ailleurs des activités syndicales. Nous posons la question de l’entreprise en termes politiques.» Les membres de cette section sont employés dans les entreprises du secteur, d’Air France à Aéroports de Paris en passant par les prestataires de service, et en termes de périmètre, la section rayonne sur les villes riveraines de l’aéroport d’Orly, qu’elles soient situées dans l’Essonne ou le Val de Marne.
Autre enjeu métropolitain, celui de la métropole de Paris justement. La maîtrise de ce dossier par les élus locaux est l’un des chevaux de bataille du président du Conseil général, Christian Favier, qui, en tant que sénateur, s’apprête à plancher à nouveau sur le sujet d’ici quelques jours au palais du Luxembourg. (article dédié à cette question à venir cette semaine, voir les précédents déjà parus sur ce sujet).
Municipales, quelles alliances à gauche ?
Les élections municipales de 2014 sont aussi présentes dans les esprits bien-sûr. Les sections doivent décider de leur chef de file d’ici la fin du mois et plusieurs maires sortants ont déjà annoncé leur intention de se représenter. Reste la question des alliances. A Orly, la section PCF et les membres de la majorité municipale (Gauche citoyenne) ont déjà mis en place un collectif mixte de travail pour élaborer un cahier des charges et envisager les possibilités ou non d’une alliance. Ailleurs, les discussions sont en cours, tant sur les projets que les personnes et le dosage des sensibilités.